Un soir de nouvelle lune, j’ai commencé la formation dispensée par deux membres du GREC (Groupement des Écrivains-Conseils®) qui prépare au métier de biographe pendant 37 semaines. Nous sommes trois stagiaires dans cette promotion 2024, ayant tous déjà vécu un premier parcours professionnel. Je constate que cette voie n’est que très rarement un premier choix, et nous sommes une grande majorité de femmes à nous y adonner.
Ceci confirme l’idée que je m’étais faite du métier : être une femme dans une deuxième partie de carrière témoigne souvent d’une approche particulière de la vie. Nous nous sommes offert ce cadeau de changer de cap, de conduire nous-mêmes notre barque. Nous possédons alors cette capacité accrue à porter attention au temps qui passe. C’est l’âge où certains sens peuvent perdre en vitalité, mais où d’autres s’aiguisent, donnant toutes leurs valeurs au chemin parcouru et à la nécessité de lui rendre hommage.
Cette capacité, je la ressens puissamment. En effet, depuis que j’ai soufflé mes quarante bougies (en en laissant quelques-unes allumées), ma vie a été renversée. Sans pour autant l’étiqueter en crise. Je l’ai vécue et je la vis depuis comme une renaissance. Commencer cette nouvelle formation fait partie de cette renaissance, car j’ajoute une nouvelle corde à mon arc, encore une. En 2023, je suivais une formation pour devenir libraire, en 2024 je suis dans la même démarche d’évolution pour devenir biographe. La différence entre celle que j’étais il y a un an et celle que je suis aujourd’hui tient à un profond allégement mêlé à un ancrage puissant.
On pourrait dire que je suis comme un arbre au cœur de l’hiver, effeuillé, ne cherchant plus à attirer l’attention ni la lumière, se contentant de ce qui est, dans son essentialité. L’élan pousse vers l’intérieur, cherchant à concentrer toute énergie dans un mouvement de recueillement et d’introspection. Ceci contraste avec l’année 2023 durant laquelle j’ai déployé une énergie phénoménale, tout en lâchant du lest en me libérant d’une forme de sécurité qui me fourvoyait.
Si je devais formuler des vœux pour moi-même à l’aube de cette nouvelle année, ce serait de ralentir toujours un peu plus. Non pas pour l’immobilisme ni l’inaction, mais pour m’enraciner encore et encore sur mon terrain, dans l’axe de mon chemin. Faire la place chaque jour, à toute l’introspection nécessaire, et choisir pleinement les moments de partage vers l’extérieur. Ne plus les subir par obligation, ou sous la pression des attentes. Décevoir s’il le faut, se séparer ; pour garder le cap de l’exploration libre de mon chemin, et de la respiration vitale à mon existence.